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Les Runes,  Savoirs anciens

Alphabet Viking: mythes, runes et erreurs à connaître avant de l’utiliser

Tu cherches l’alphabet viking parce que tu veux traduire quelque chose en runes, trouver une idée de tatouage ou comprendre les signes gravés sur une vieille pierre nordique ? Tu n’es pas seul·e. Cette curiosité revient souvent: un mélange de fascination pour les Vikings et de soif de symboles qui résonnent plus fort qu’une simple lettre.

Mais attention : l’alphabet viking n’existe pas vraiment. Les Scandinaves n’avaient pas un alphabet au sens moderne, mais un système runique appelé futhark: un mot qui désigne les six premières runes. Ce système a évolué au fil des siècles : l’Ancien Futhark (24 runes, IIᵉ–VIIIᵉ siècle) précède l’ère viking, tandis que le Jeune Futhark (16 runes) est l’écriture des navigateurs nordiques du IXᵉ au XIᵉ siècle.

Dans cet article, on va démonter les clichés et remettre les runes à leur juste place. Je vais t’expliquer :

  • ce qu’on appelle vraiment alphabet viking,
  • les différences entre les futharks,
  • comment les runes étaient utilisées (inscriptions, pierres, magie, bien au-delà de l’écriture),
  • les erreurs les plus fréquentes (tatouages, traductions automatiques, générateurs en ligne),
  • et comment tu peux, aujourd’hui, explorer les runes autrement.

Et si tu veux aller plus loin dans la lecture symbolique, j’ai préparé une page dédiée à la signification des runes de l’Ancien Futhark, où je propose leur interprétation, à l’endroit et à l’envers, dans un cadre plus contemporain.

Qu’appelle-t-on “alphabet viking” ?

Quand on parle d’alphabet viking, on désigne en réalité un alphabet runique. Le mot « rune » vient du vieux norrois rún, qui signifie secret, mystère, murmure. Autrement dit, les runes n’étaient pas perçues comme de simples lettres, mais comme des signes porteurs d’un savoir particulier.

Les runes forment un système appelé futhark, du nom des six premières lettres (f, u, þ, a, r, k ou en runes ᚠᚢᚦᚨᚱᚲ). C’est cet ensemble qu’on appelle parfois, par abus de langage, « alphabet viking ». Pourtant, c’est un terme piégeux :

  • parce qu’il existe plusieurs futharks (ancien, jeune, anglo-saxon, médiéval),
  • et surtout parce que le futhark de 24 runes (Ancien Futhark) n’a jamais été utilisé par les Vikings eux-mêmes. Les Scandinaves de l’ère viking gravaient le Jeune Futhark à 16 runes.

Le fameux “alphabet viking” qu’on trouve partout en ligne mélange donc souvent ces différentes périodes, ce qui crée une confusion. Historiquement, il n’y a pas un alphabet unique, mais une évolution d’écritures runiques à travers les siècles.

Alphabet viking en français ?

Il n’existe pas d’alphabet viking en français. On peut uniquement translittérer un mot français en runes, c’est-à-dire remplacer chaque son par la rune la plus proche. Mais attention : les runes n’ont pas été conçues pour le français moderne. Certaines combinaisons de sons français (on, ou, an, é) n’existent pas telles quelles en runes et doivent être adaptées. Et à l’inverse, le vieux norrois, la langue des Vikings, possédait des sons (comme le þ ou le ð) qu’on ne retrouve pas chez nous. Résultat : toute translittération reste une approximation.
Traduire un mot ou une phrase en runes n’est donc pas une traduction mot à mot ou lettre à lettre, mais une adaptation phonétique.

Les différents futharks : bien plus qu’un seul alphabet

Quand on dit “alphabet viking”, on pense souvent à un système unique. En réalité, l’écriture runique a évolué au fil des siècles et des régions. On distingue quatre grands ensembles :

Le Futhark ancien (24 runes, IIᵉ–VIIIᵉ siècle)

C’est la forme la plus ancienne de l’alphabet runique, utilisée bien avant l’époque viking. Il comporte 24 runes, organisées en trois groupes de huit (ættir). On le retrouve sur des objets du quotidien (armes, bijoux, peignes).
Exemple célèbre : le peigne de Vimose (IIᵉ–IIIᵉ siècle, Danemark) portant le nom Harja.
C’est de cet alphabet que dérivent toutes les autres variantes.

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Peigne de Vimose
Source: Wikipedia, cliquer sur l’image pour lire l’article

Le Futhorc anglo-saxon (28–34 runes)

Lorsque les Germains se sont installés en Angleterre, ils ont adapté le futhark ancien pour mieux refléter les sons du vieil anglais. Résultat : un alphabet élargi à 28 puis 34 runes.

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Source: Wikipedia, cliquer sur l’image pour lire l’article

On le retrouve sur des monuments (comme la croix de Ruthwell) et sur des objets remarquables comme le coffret de Franks (VIIᵉ–VIIIᵉ siècle), décoré de scènes mythologiques et bibliques avec inscriptions runiques.

Le Jeune Futhark (16 runes, VIIIᵉ–XIᵉ siècle): le vrai alphabet Viking

C’est l’alphabet runique des Vikings. Paradoxalement, alors que leur langue, le vieux norrois, possédait plus de sons que le proto-norrois, ils ont réduit le système à seulement 16 runes.

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Jeune Futhark: l’alphabet Viking
Source: Wikipedia, cliquer sur l’image pour voir l’article

Ce jeune futhark s’est décliné en plusieurs variantes régionales :

  • les runes à branches longues, surtout utilisées au Danemark, fréquentes sur les pierres runiques monumentales,
  • les runes à branches courtes, plus répandues en Suède et en Norvège, avec des formes simplifiées,
  • et une version encore plus épurée, apparue au Xe siècle, appelée runes de Hälsingland, où les hampes disparaissent presque pour ne laisser que des traits.

C’est ce système qu’on retrouve gravé sur la majorité des pierres runiques encore visibles en Scandinavie: des stèles dressées en mémoire des défunts, pour rappeler une lignée ou célébrer des hauts faits.

Les runes médiévales (XIIᵉ–XIVᵉ siècle)

Après l’époque viking, l’écriture runique ne disparaît pas. Elle évolue en runes médiévales, enrichies de nouveaux signes (jusqu’à 27) pour s’adapter à la langue norroise en mutation.
Elles coexistent longtemps avec l’alphabet latin, notamment dans la vie quotidienne.
Exemple : les tablettes de Bryggen (XIIᵉ–XIVᵉ siècle, Bergen, Norvège) où l’on a retrouvé des centaines de petits messages gravés sur bois, allant de notes commerciales à… des déclarations d’amour.

La langue des Vikings et l’écriture runique

Quand on parle de “langue des Vikings”, on pense parfois à un mystérieux “alphabet runique” qui aurait été leur langage parlé. En réalité, les runes ne sont pas une langue, mais un système d’écriture.

Les Vikings parlaient le vieux norrois (Old Norse), une langue germanique du Nord, ancêtre du danois, du suédois, du norvégien, de l’islandais et du féroïen actuels. Cette langue s’était elle-même développée à partir du proto-norrois, parlé en Scandinavie à l’Antiquité tardive.

On distinguait plusieurs dialectes à l’époque viking :

  • le norrois occidental, parlé en Norvège et exporté en Islande, aux îles Féroé, au Groenland,
  • le norrois oriental, parlé en Suède et au Danemark,
  • et le norrois gotlandais, variante insulaire du Gotland.

Ces dialectes restaient assez proches pour que les Scandinaves se comprennent entre eux sans difficulté.

Les runes servaient donc à noter le vieux norrois. Mais comme le Jeune Futhark ne comportait que 16 signes, bien moins que les sons de la langue, une même rune pouvait représenter plusieurs phonèmes. Par exemple, une seule rune pouvait noter à la fois les sons a, æ, o. Cela suppose que le lecteur connaissait déjà le mot pour le comprendre correctement : écrire en runes, c’était donc plus de la mémoire écrite que de la communication exhaustive.

Autrement dit : le “langage runique des Vikings” n’existait pas. Les Vikings parlaient vieux norrois, et ils l’ont parfois gravé en runes. Mais leur vie quotidienne, leurs sagas, leurs poèmes, leurs marchés se vivaient à l’oral bien plus qu’à l’écrit.

Usages réels des runes chez les Vikings

On imagine souvent les runes comme un outil exclusivement mystique. La réalité est plus nuancée : elles étaient partout dans la vie scandinave, de la note de tous les jours à la pierre monumentale, de l’affirmation de pouvoir à l’incantation magique.

Communication du quotidien

Les runes servaient d’abord à marquer et transmettre. On en retrouve sur des objets de propriété (« ceci appartient à… »), sur des outils, des bijoux, mais aussi dans des messages beaucoup plus personnels.

  • Dans la tombe du navire d’Oseberg (834, Norvège), un seau en bois portait simplement l’inscription «appartient à Sigrid».
  • À Bergen, sur les tablettes de Bryggen (XIIᵉ–XIVᵉ s., héritage direct de la tradition viking), on lit des graffitis comme «embrasse-moi» ou même des déclarations d’amour entières.

Ces exemples montrent que les runes n’étaient pas réservées aux rites : elles servaient aussi de post-it du Moyen Âge nordique.

Pierres runiques commémoratives

Les monuments les plus impressionnants sont les pierres runiques. Érigées surtout au Xe–XIᵉ siècle, elles commémoraient les morts, la lignée familiale ou les hauts faits.
On y trouve souvent des formules simples : «Untel a élevé cette pierre en mémoire de…». Certaines ajoutent une prière chrétienne («Que Dieu aide son âme»), d’autres au contraire brandissent une malédiction païenne.
Exemple fameux : la pierre de Glavendrup (Danemark) qui se termine par «Thor consacre ces runes. Malheur à celui qui déplacera cette pierre».

pierre de Glavendrup
Pierre de Glavendrup
Source: Wikipedia, cliquer sur l’image pour lire l’article

Symboles de pouvoir

Les runes servaient aussi à asseoir une autorité.

  • La grande pierre de Jelling (Danemark), érigée par le roi Harald Bluetooth vers 965, proclame son rôle dans l’unification du Danemark et sa conversion au christianisme.
  • On retrouve également des runes gravées sur des armes prestigieuses, certaines épées portent des inscriptions qui pouvaient invoquer un dieu ou renforcer symboliquement le tranchant de la lame.

Écrire en runes, c’était donc graver son nom dans la pierre… et dans l’Histoire.

Magie et divination

Enfin, les runes étaient aussi perçues comme des signes porteurs de pouvoir. Leur nom même (rún = secret) suggère une dimension cachée.

  • Tacite (Iᵉʳ siècle) décrit déjà chez les Germains une pratique de tirage de bâtonnets marqués pour lire l’avenir.
  • Dans la Saga d’Egill, le poète-guerrier utilise les runes pour déjouer un empoisonnement et pour guérir une jeune fille malade.
  • Certaines inscriptions anciennes comportent des formules mystérieuses comme alu, sans traduction claire, peut-être un charme protecteur.

Autrement dit, pour les Scandinaves, chaque rune avait une signification symbolique. On ne les utilisait pas seulement pour écrire, mais aussi pour influencer, protéger ou conjurer.

C’est d’ailleurs ce double rôle, écriture et symbole, qui explique pourquoi aujourd’hui encore on cherche la signification des runes de l’alphabet viking en français. Mais il faut le dire clairement : les “sens” qu’on attribue aux runes dans la modernité sont des interprétations, tandis qu’à l’époque, leur usage était à la fois pratique, politique et magique.

Peut-on traduire son prénom avec l’alphabet viking ?

Oui… mais il faut nuancer. Les runes ne sont pas un alphabet moderne où chaque lettre a son équivalent exact. On parle de translittération, pas de traduction : il s’agit de chercher quelle rune correspond au son le plus proche, et non à la lettre écrite en français.

Exemple concret : prenons Elo.

  • Le E se rapproche de la rune Ehwaz (ᛖ), qui correspond au son é/è.
  • Le L correspond à Laguz (ᛚ), la rune de l’eau et du “l”.
  • Le O peut être représenté par Othala (ᛟ) ou parfois Ansuz (ᚨ), selon qu’on prononce plutôt o fermé ou au.

Résultat : ton prénom devient une suite de sons runiques, et non un mot traduit.

Attention : c’est là que les générateurs automatiques en ligne se plantent souvent. Ils se contentent de faire un “A = rune X, B = rune Y” sans tenir compte des sons, ni des différences entre futharks. Résultat : beaucoup de tatouages ou bijoux finissent avec des inscriptions sans queue ni tête.

Si tu veux voir comment translittérer ton prénom pas à pas (et éviter ces erreurs), je t’ai préparé un guide pratique ici : Comment traduire ton prénom en runes.

Alphabet viking et tatouages : erreurs fréquentes

Aujourd’hui, les runes fascinent. On les retrouve partout : tatouages, pendentifs, jeux vidéo, séries… Mais attention : graver un symbole ancien sur sa peau ou l’afficher fièrement sans en connaître le sens, c’est prendre le risque de porter un message totalement différent de ce qu’on croit.

Quelques pièges fréquents :

  • Fehu (ᚠ) n’est pas le signe de “l’argent facile” ou du “jackpot”. Dans l’Ancien Futhark, il évoque le bétail, la richesse vivante, ce qui circule et se transmet. Rien à voir avec un billet de banque moderne.
  • Algiz (ᛉ) n’est pas le “peace & love” des années 70. C’est une rune de protection, parfois liée à l’élan ou à la connexion au divin, mais son sens peut varier selon les contextes.
  • Certaines runes sont aussi associées à des usages très sombres (malédictions, incantations), et leur tatouage hors contexte peut être mal perçu.

Bref, avant de se lancer, mieux vaut se documenter et comprendre le cadre historique et symbolique.
Et si tu veux aller plus loin et créer un symbole vraiment unique, je t’explique ici comment concevoir une bindrune qui a du sens, à partir de ton prénom.

L’héritage et la récupération moderne

Les runes n’ont pas disparu avec la fin de l’époque viking. On en retrouve encore au Moyen Âge chrétien, notamment sur les tablettes de Bryggen découvertes à Bergen (XIIIᵉ siècle) : de simples notes de commerce, des messages d’amour, mais aussi des formules magiques gravées sur du bois. Dans certaines régions scandinaves, les bâtons runiques ont même perduré comme objets de divination ou de protection jusque tard dans l’histoire.

À l’époque moderne, les runes ont été réinterprétées : d’abord par les érudits du XIXᵉ siècle, puis par les mouvements ésotériques et occultistes du XXᵉ. Aujourd’hui encore, elles circulent dans les tatouages, bijoux, jeux vidéo ou séries TV. Mais soyons lucides : la plupart de ces usages s’éloignent de leur contexte historique et les transforment en symboles décoratifs, parfois dévoyés.

De mon côté, je fais un autre choix. Je sais que l’usage que je propose est une adaptation contemporaine, assumée et clairement dite. Oui, j’adore cette approche mystique, teintée de magie et d’une forme de spiritualité païenne, quelque part à mi-chemin entre la divination et le travail sur soi. Pour moi, les runes sont un pouvoir de concentration et de réflexion : un moyen de ralentir, de prendre le temps de sonder ses choix, avec des sagesses qui ont traversé les âges et continuent de résonner aujourd’hui.

Je m’appuie sur les 24 runes du plus ancien Futhark, parce qu’elles portent une énergie brute, sauvage, sans vernis. Elles ne prédisent rien : elles ouvrent des portes, des chemins intérieurs.

Si tu veux comprendre plus en détail pourquoi j’ai choisi les runes comme support à mon univers, je t’explique tout ici.

FAQ sur l’alphabet viking

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Quelle est la signification de l’alphabet viking ?

L’alphabet viking n’est pas un alphabet au sens moderne, mais un système de runes. Chaque rune portait avant tout une valeur sonore, utilisée pour écrire le vieux norrois. Le fait d’y associer une signification symbolique (mystique, philosophique ou introspective) est une interprétation moderne, inspirée par les sagas et la mythologie nordique, mais adaptée à nos usages contemporains.

Existe-t-il un alphabet viking en français ?

Non. Les runes n’ont jamais été conçues pour le français moderne. On peut seulement translittérer un mot français en runes, en adaptant chaque son au plus proche. C’est une approximation, jamais une traduction mot à mot.

Comment écrire avec l’alphabet viking ?

Aujourd’hui, tu peux utiliser des polices d’écriture ou des générateurs en ligne pour “écrire en runes”. Mais prudence : ces outils simplifient beaucoup et produisent souvent des erreurs.

Quel est le vrai alphabet viking ?

Si on parle strictement des Vikings, leur système d’écriture était le jeune futhark, composé de 16 runes. Mais il existe aussi d’autres futharks (ancien, anglo-saxon, médiéval) utilisés à différentes époques et régions.

Si ça t’a touchée…Fais tourner la flamme.

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