
Le jour où j’ai osé me faire un tatouage vegvisir
Le tatouage vegvisir a le vent en poupe. Si toi aussi tu cherches un symbole à la fois porteur de sens, mystique et un peu magique, et qu’en plus la culture nordique t’inspire, tu en as forcément entendu parler. C’est peut-être même en tapant cette recherche que tu es tombé ici.
Dans cet article, je vais te raconter une histoire. Celle de mon premier tatouage vegvisir. Les doutes qui retournent le bide, les avis contradictoires des autres, le jour où j’ai franchi la porte du tattoo shop… et la manière dont cette décision m’a transformée, en me permettant d’incarner (enfin) pleinement ma personnalité.
Cet article m’a été inspiré par Aurélia et Jonathan, qui eux aussi ont osé un choix radical, sous une autre forme: partir du sud de la France en 2022, traverser de nombreux pays, franchir l’Atlantique et naviguer aujourd’hui dans les eaux turquoises des Caraïbes. Ils racontent leur aventure sur leur blog changer-de-vie-et-voyager.com. Et si tu as des fourmis dans le sac à dos, je te recommande chaudement d’aller voir.
Ce texte fait partie d’un évènement interblogueurs qu’ils organisent, pour rassembler des histoires inspirantes et encourager chacun à oser changer quelque chose dans sa vie, en partageant des expériences de vie. Je les remercie sincèrement pour cette belle initiative, et t’invite à découvrir d’autres récits audacieux en cliquant ici.
Avant le tatouage vegvisir : deux décennies à repousser l’évidence
20 ans à tourner autour de l’idée. J’ai 40 ans, 41 dans trois mois. Et ça fait deux décennies que je répète : “un jour, je me ferai tatouer.”
Je m’étais jurée: “avant mes 40 ans, c’est sûr, j’aurai de l’encre sous la peau.”
Raté.
J’ai eu mille occasions. Je suis passé devant des centaines de tattoo shops, en voyage ou au coin de ma rue. À Tahiti (deux fois), où le tatouage est roi et artisanal. Lors de mon premier Hellfest il y a quelques mois, où j’aurais pu passer sous l’aiguille entre deux concerts. Et pourtant…rien.
Je suis dans l’année de mes 40 ans, et cette promesse non tenue commence à m’obséder. Des promesses à moi-même, je m’en suis fait des tas. Mais celle-ci a un goût particulier. Comme si ne pas l’accomplir revenait à passer à côté de moi.
Au bureau, alors que je me retourne déjà le cerveau toute seule dans mon coin sur la question, mes collègues découvrent, effarés, que je n’ai pas un seul tatouage. Pas même un discret, planqué quelque part. Ils me regardent comme si j’avais avoué un secret honteux, comme si d’un seul coup un mythe s’effondrait. Et moi, je rougis presque. Comme si quelque chose n’était pas incarné. Pas ancré. Pas encré, justement. C’est la goutte d’eau.
Le temps (très long) de la réflexion
Je me mets à consacrer beaucoup de temps à réfléchir à mon premier tatouage. J’écume les sites et les profils Instagram des meilleurs tatoueurs de France et de Navarre. Je me perds dans les images de tatouages loupés ou qui virent au cauchemar. Je vais même à une convention de tatoueurs pour tenter de m’inspirer.
Je réalise que ce n’est pas juste “me faire tatouer” qui me hante. C’est choisir un symbole. Le bon. Celui qui raconte ma route, mes renaissances, mes tempêtes et mes boussoles intérieures. Et d’un coup, le tatouage n’est plus un caprice esthétique ni une promesse de jeunesse. C’est une quête. Aller chercher l’image qui me définit, et avoir le courage de la porter à vie.
Seulement, question définition et quête de vie… J’ai 40 ans d’histoire mouvementée au compteur. Alors choisir le bon symbole pour regrouper tout ça sous quelques traits me semble très réducteur.
Le temps (très long aussi) de la peur
Et si je regrettais? Je veux dire, là tout de suite je suis quand même hyper contente de ne pas m’être fait tatouer un papillon Disney sur le haut de la fesse quand j’avais 18 ans, ni un tiki ou une tortue entre deux pina colada sur la plage de Bora Bora. Je serais bien embêtée avec ça aujourd’hui, parce que ça ne me ressemblerait plus du tout.
Je ne sais pas ce que je veux exactement. Mais j’ai une pression folle en devant choisir des idées, et des symboles pour les exprimer, qui devront me représenter…jusqu’à la fin de mes jours. Parce que si il y a bien un truc que j’ai appris en 40 ans, c’est qu’on change. Beaucoup.
Je ne sais pas dessiner. Je tente bien quelques collages malheureux sur un pauvre document Powerpoint pour tenter de regrouper des idées. Cela va sans dire: c’est un talent, et un métier, de dessiner des tatouages. Je n’ai ni l’un, ni l’autre, manifestement. Mes talents de dessin à main levée s’arrêtent à la tête de lapin avec l’histoire des portes pour faire les yeux. Remballe.
Je ne sais pas quel tatoueur choisir, ni si la personne sera fiable. Imagine que je me retrouve avec un gars qui me tatoue une panthère qui ressemble à un chaton, ou un visage censé être angélique mais qui sort du meilleur trailer de l’Exorciste. Ou que je choppe une maladie. Au secours.
Bref, je freine des quatre fers. (Mais bon, il n’y a aucune raison pour que je me fasse tatouer une panthère, en fait.)
Quand l’élève est prêt, le maître apparait
Je finis par arrêter de chercher pour tenter de prendre du recul sur le sujet. Le dossier « tatouage Elo » sur mon bureau comprends plus de 100 modèles de tatouages que j’aime bien. Parfois juste pour la forme des courbes, parfois pour le symbole. Parfois pour la petite étoile là en haut à gauche.
Un après-midi en me baladant dans Lyon avec des amis de passage à qui je fais visiter la ville, on passe devant un tattoo shop. En vitrine, quelques œuvres de chaque artiste qui travaillent là sont présentées. Mes yeux se posent sur un dessin délicat, mais affirmé. Un parfait mélange de finesse et de force. L’expression d’un thème sauvage, abordé avec grâce et minutie.
J’ai trouvé. Montée d’adrénaline instantanée. Un rush de pression artérielle me propulse en avant. Je rentre dans le shop sur un coup de tête pour prendre leur carte de visite. Je ne demande aucun renseignement pour le moment. Je veux juste en savoir plus sur la personne qui a dessiné ça.
Le soir, je trouve son compte Instagram et passe des heures à m’émerveiller devant son coup de crayon. Des points, comme une constellation tissée à même la peau.
Eurêka.
Le premier pas
Je suis rongée par la peur et l’indécision. Je ne sais absolument pas quoi dire quand on va me demander « alors, c’est pour faire quoi? ». Euh…Un tatouage? Hum…
Mais comme le dit l’adage, il faut avoir peur et le faire quand même. Si mes années en terres de dev perso doivent me servir, c’est maintenant. J’envoie un email. Et une personne charmante revient vers moi très rapidement avec les réponses à absolument toutes mes questions, sans même que j’ai besoin de les poser. Il y a même des liens vers des vidéos Youtube qui expliquent clairement les principaux sujets de préoccupations de n’importe quelle personne qui veut faire un premier tatouage.
C’est hyper rassurant. Ce qui l’est moins, c’est qu’on m’explique que, pour pouvoir rencontrer l’artiste et lui expliquer mon projet, il faut déjà payer un acompte, rondelet, non remboursable. En effet, le premier RDV sert à discuter du projet. Puis la tatoueuse va travailler sur le dessin. Et je découvrirai mon tatouage…Le jour de la première séance.
L’angoisse.
Vous avez dit lâcher prise? Et bah nous voilà le nez dedans, et bien profond. Faire confiance. Ne pas avoir son mot à dire et ne pas participer à la création du design. Comment ça je ne vais pas pouvoir faire 57 allers retours par emails pour valider chaque trait tracé et procrastiner encore 10 ans? C’est dingue ça!
Et bah non, en fait. C’est normal. Et si on réfléchit un peu, ça fait complètement sens. Les tatoueurs sont en effet des artistes qui vivent de leurs dessins. Et quand on se présente pour un tatouage, on n’est pas tout seul en fait. Ils ont souvent plusieurs projets en parallèle. Au-delà de la phase créative, il y a évidemment la phase de tatouage au salon. Ils ne peuvent pas se permettre de faire de l’accompagnement exclusif, sinon ils ne gagneraient pas leur vie d’une part. D’autre part, faire fuiter leur proposition de dessin les expose au vol pur et simple de leur travail. Si on peut repartir avec un dessin sous le bras, et finalement aller se faire tatouer chez quelqu’un d’autre, c’est pas très fairplay comme histoire.
Donc, j’ai passé le cap et fais mon premier virement pour pouvoir la rencontrer. Et j’ai dû essuyer, en plus de mes propres peurs, celles des autres au passage.
« T’es folle! Tu vas pas te faire tatouer un truc que tu veux pas! Si tu aimes pas le dessin tu vas faire comment? ».
« Moi je le ferai jamais, c’est hyper chelou, c’est des charlatans nan? Tu es sûre que le salon existe encore? Ils veulent encaisser avant de se barrer avec la caisse nan? ».
« Je suis sûr que tu peux négocier pour voir le dessin au moins une fois, pour faire des corrections avant d’y aller, ça se tente. Sinon c’est pas pro quand même. »
Mmmmh.
Mon tatouage vegvisir: passer de l’histoire aux symboles qui l’incarnent
Pendant la semaine qui me sépare de mon premier rdv avec ma tatoueuse, je dois confectionner un petit dossier pour lui expliquer mon projet. J’ai déjà bien avancé le travail de ce côté là, mais je ne peux clairement pas y aller avec plus de 100 images à lui montrer. On va finir par se perdre, toutes les deux.
Je décide donc de regrouper les grandes thématiques que je veux incarner. La notion de cycles dans la vie, la résilience, l’océan, le temps qui passe, les bateaux…Et une boussole.
La boussole, elle me tient depuis hyper longtemps. Mais je veux un truc stylé. Et comme à ce moment là je suis déjà plongée dans le monde nordique, le tatouage vegvisir s’est largement imposé dans le paysage.
Non, tu verras pas.
Je prends une décision personnelle, et radicale. J’ose dire non à quiconque de mon entourage veut consulter mon dossier avant mon premier rdv pour donner son avis. Je me suis rendu compte au fil de mes réflexions d’un truc ultra important. C’est de mon bras qu’on parle là. Ma peau. Mon histoire. Ce que je veux raconter. Je ne suis pas là pour afficher l’œuvre de ce que les autres pensent ou veulent voir de moi. Je suis là pour demander à une artiste de bien vouloir m’aider à faire un truc cool: oser être soi-même.
C’est hyper compliqué, surtout pour les gens les plus proches de moi. C’est difficile pour moi de dire non et je dois expliquer, encore et encore, que ce projet est hyper important pour moi. Que leurs avis sont précieux, que je les aime fort, mais que je dois le faire seule. Il en va de ma propre crédibilité, envers moi-même.
Cela ne les empêche pas de me glisser quelques commentaires, évidemment. « Pas trop voyant hein, tu fais pas une tête de mort ou quoi tu vas regretter ». « Pas trop gros, pour un premier tu devrais faire un truc facile ». « Pas trop petit, tant qu’à faire, vas y franchement. ca t’évitera d’y retourner ». « Que ça reste féminin quand même, pas un tatouage avec des grosses plaques noires ».
Han, Han.
Alea jacta est
Quand j’arrive à mon premier rdv, pour expliquer mon projet à Doudz, je ne suis pas complètement sûre de ce que je vais lui raconter. A part que je voudrais faire un tatouage vegvisir. Et je ne la remercierai jamais assez pour son professionnalisme. On a passé plus de 1h30 à discuter. Pourquoi t’aimes bien ça? Ca représente quoi pour toi le tatouage vegvisir? C’est quoi le plus important, le bateau ou la boussole? La boussole ou le phœnix?
Au fil de la discussion, je finis par lui avouer que je me rends bien compte de la multiplicité des sujets, et que ça va être compliqué de tout mettre pour que ça reste joli, et cohérent. On fait le tri, tranquillement. Le courant passe hyper bien. J’ai une vraie sensation d’être écoutée, et entendue. Elle reformule avec ses mots mes pensées les plus emmêlées.
Je ressors apaisée, et excitée comme une puce. 15 jours. C’est le temps que je dois attendre avant de découvrir mon tatouage.
Le jour J: découverte de mon tatouage vegvisir
Je n’en mène pas large. J’ai hâte, mais j’appréhende. J’arrive au salon avec…Trente minutes d’avance. Et je dois patienter sagement sur le canapé en cuir de l’entrée.
J’observe les clients entrer et sortir, tour à tour avec un nouveau tatouage, ou un nouveau piercing. J’assiste à une scène qui me fait comprendre à quel point ce métier est compliqué, et pourquoi toutes ces mesures de sécurité autour des paiements. Un gars entre dans le salon et doit payer sa séance de tatouage avant de commencer. Il explique qu’il préfère payer après la séance, pour être sûr que tout aille bien. La personne à l’accueil lui explique que ça ne se passe pas comme ça. Il finit par sortie sa carte bleue…Qui ne passe pas. Tatouage annulé.
Doudz vient me chercher. On s’installe dans son studio.
« Prête? »
« Yep. »
« Qu’on soit bien d’accord. Je ne tatoue rien temps que le dessin ne te convient pas parfaitement. Si tu veux ajuster des choses, retravailler, compléter ou enlever, on prend le temps qu’il faut. »
« Ok. »
La tablette s’allume et je découvre son œuvre. La vache. C’est exactement ça que je voulais. Les larmes me montent. De soulagement, d’excitation, d’admiration. Le moindre détail a été pris en considération. Tout tombe à sa juste place.
Le cycle de la lune, parce que tout n’est finalement qu’éternel recommencement. La vie est faite de cycles qui s’enchainent.
Dans ce cycle, à la place de la pleine lune: mon tatouage vegvisir. Symbole magique de protection. Pour ne pas se perdre. Se rappeler d’où je viens, le chemin parcouru, et de garder un cap pour savoir où aller. Ma boussole de vie.
Tout autour, une silhouette de Phoenix. Pour la résilience. Pour me souvenir que je suis capable de me relever, de me réinventer, encore et encore. Aussi pour incarner le feu qui m’anime.
Autour du poignet: des vagues, desquelles surgit le Phoenix. Fille de la mer que je suis, l’océan m’apaise et m’énergise à la fois. La symbolique du Phoenix qui sort des vagues, guidé par le vegvisir me transporte.
Et par touches minutieuses, des petites planètes. Pour se rappeler que, finalement, on est bien peu de choses dans cet univers.
On ne retouche rien. C’est parti. On pose le calque du tatouage vegvisir, et autres éléments, sur mon bras. C’est beaucoup plus imposant que prévu. Doudz me laisse seule quelques instants face au miroir, pour me regarder, jouer avec, m’imprégner. Décider si oui on non on ouvre l’aiguille.
Je n’envoie aucun message. Je suis seule, avec moi-même, et mon tatouage.
Alors bichette? Tu vas oser ou pas?
Putain ouai. Ca, c’est vraiment moi.
Fin de la première séance…Et commencement du nouveau voyage avec mon tatouage vegvisir
Je rentre avec un tatouage encore incomplet, la peau sensible et bandée. Mais dans ma tête, c’est déjà fait. Quelque chose a basculé. Je me découvre dans le miroir chaque matin et je me vois différente : plus affirmée, plus sûre, plus entière.
Les critiques fusent évidemment : “Mais c’est énorme !”. “Ce n’est pas ce que tu avais dit !”. “Ça fait tout le tour du bras !”
Avant, j’aurais encaissé, douté, plié. Cette fois, ça glisse. Je sais que j’ai franchi une ligne invisible.
Deuxième séance. Ma peau a parfaitement cicatrisé. Je m’installe à nouveau dans le fauteuil, et quand c’est fini, il est là. Complet. Mon tatouage vegvisir.
Et cette fois, plus personne ne critique. Les regards changent : “Il est magnifique !”. “Ça donne envie !”
Je deviens presque une ambassadrice improvisée : expliquer la symbolique du Phoenix, des vagues, des phases de lune, des planètes, du vegvisir. Chaque mot posé sur mon bras est aussi une manière de me dire à moi-même: voilà qui tu es. Clair. Net. Sans fioriture.
Quelques mois plus tard, je retourne au Hellfest pour la seconde fois. Mais cette fois-ci, je n’y vais pas nue. Je porte ma boussole, mon feu, mes vagues sur la peau. Gravés. Intangibles. Plus besoin de costume ni de preuve. Je marche dans la foule avec le sentiment rare d’être enfin entière.
Le jour où j’ai osé me faire un tatouage vegvisir, j’ai osé enflammer ma confiance en moi et me montrer au monde telle que je suis vraiment. Ce geste, qui peut sembler anodin parce que finalement des gens qui se font tatouer, il y en a des tas aujourd’hui, est devenu un point central de mon changement de vie. A partir de ce moment là, j’ai commencé à poser un regard différent sur moi-même. A m’affirmer beaucoup plus qu’avant. J’ai enfin incarné l’audace que j’avais besoin d’exprimer. Je l’ai fait pour moi, et pour personne d’autre. Je suis fière de cette expérience transformatrice, qui me porte encore aujourd’hui à chaque fois que mon regarde se pose sur ma peau.
J’espère que ce texte t’aura inspiré, peut être pas pour un tatouage (quoi que! 😉 ), mais au moins à faire ce truc un peu fou, que personne ne comprend, qui fait sans doute peur, mais qui te tient aux tripes.
Alors? Tu vas faire quoi? ;)) Laisse un commentaire ci-dessous pour partager tes rêves les plus fous et pense à aller lire d’autres histoires inspirantes de gens qui ont oser faire un truc audacieux pour changer leur vie!

